Analyse de l’expérience de Tam-Tam mobile

Les 10 Principes de Bonne Gouvernance

1- Se fonder sur une approche territoriale et le principe de subsidiarité

Autrefois, quelques conflits existaient entre Tam-tam Mobile avec soit les chefs de quartiers, soit avec HYSACAM. Ceux portaient notamment sur la gestion des ressources matérielles (seaux) ou sur les tâches assignées à tout un chacun. Au fil du temps, des solutions ont été trouvées. Il y a eu par exemple la mise sur pied d’un cahier de charge entre l’opérateur national chargé de la pré-collecte (HYSACAM). Elaboré en comité, ce document définit le rôle de chaque structure.

2- Instituer un dialogue au sein des communautés plurielles

Une bonne entente existe entre les acteurs du projet. A partir du quartier, le pré-collecteur dialogue avec le ménage qui lui confie ses ordures ménagères. Trois fois par semaine, le coordonnateur de Tam-tam Mobile est appelé à descendre sur le terrain vérifier la bonne marche du projet. Les populations-bénéficiaires appellent à la direction de Tam-tam Mobile au cas où leurs ordures n’ont pas été enlevées depuis des jours. La question de l’assainissement des quartiers à habitat spontanée a suscité la création d’une plate forme multi-acteurs qui se réunit régulièrement. Même si chacun reste autonome, chaque acteur, grâce à son expertise propre, apporte sa quote-part pour la bonne marche du projet.

3- Remettre l’économie à sa juste place- Gérer les ressources

L’agent de pré-collecte est chargé de recouvrer les contributions financières des familles. Il les reverse à Tam-tam Mobile. Au bout d’un temps, Tam-tam Mobile présente le bilan des sommes collectées et reversent les bénéfices engrangés soit aux chefs de quartiers ou blocs, soit aux associations de jeunes et femmes travaillant sur la gestion des déchets ménagers dans les zones concernées. Ces bénéfices servent pour le renforcement du matériel de travail (brouettes, seaux, …). Pour d’autres tâches comme l’entretien des cours d’eau, le curage des caniveaux ou le désherbage du quartier, il y a de la mobilisation, tant sur le plan humain que financier. Nous avons également beaucoup de causeries éducatives tout autour de la bonne gestion des déchets.

4- Se fonder sur une éthique universelle de responsabilité

Au début du projet, les habitants pensaient que les agents pré-collecteurs étaient envoyés par la mairie, au fil du temps, les choses se sont clarifiées. L’agent de Tam-tam Mobile tout comme la structure pour laquelle il travaille se sent valorisé. En partenariat avec le service d’hygiène de la mairie ou d’autres structures, des campagnes de sensibilisation sur l’amélioration du cadre de vie des populations sont organisées. Le Collectif valorise la responsabilité de tout un chacun autour de la production du déchet. A cause des enjeux politiques, l’on note une faible implication des autorités locales pour le projet. Responsables devant les citoyens du monde à travers ses multiples fonctions au sein de la communauté (sensibilisation, pré-collecte des déchets ménagers, participative à la vie communautaire, etc.), l’équipe technique de Tam-tam Mobile véhiculent un certain nombre de valeurs : la citoyenneté, la solidarité, la responsabilité vis-à-vis du voisin. Le projet ambitionne de capitaliser son expérience de la faire partager sur le plan national.

5- Définir un cycle d’élaboration de décision et contrôler les politiques publiques

Parti d’un constat frappant, le projet visait l’amélioration du cadre de vie des habitants. Avec le partage d’expériences avec les populations, les communautés locales/ administratives, une plate forme de réflexion sur l’assainissement des quartiers a vu le jour. Un vrai débat sur la question est né. Avec d’autres réseaux et associations, Tam-tam Mobile participe a à des séminaires de réflexions sur le plan national qu’international. L’activité de pré-collecte répond aux besoins des habitants et est ouverte aux critiques et suggestions. Dans les zones où travaille Tam-tam Mobile, l’on note une nette amélioration de l’environnement du quartier.

6- Organiser la coopération et les synergies entre acteurs

Chaque partenaire du projet jouit d’une liberté de négociation et d’initiative. En ce qui concerne la coopération, plusieurs rencontres (campagnes, séminaires, forum Interne, etc.) avec des acteurs diversifiés (populations, officiels, élus, universitaires, etc.) sont organisés pour comparer ce qui se passe ici et ailleurs. Avec le concours des mairies et des partenaires au développement, des initiatives à vocation culturelle sont organisées (concours du quartier le plus propre).

7- Concevoir des dispositifs cohérents avec les objectifs poursuivis

Oui, l’ensemble du dispositif du projet est cohérent aux objectifs premiers de l’expérience. Pas facile au départ, les choses se sont améliorées avec le temps. Chaque acteur ou partenaire (élus, universitaires, fonctionnaires, associatifs) du projet occupe, dès lors une bonne place dans l’expérience. Tout ceci a valu à Tam-tam Mobile de gagner le prix de la meilleure association de développement local.

8- Maîtriser les flux d’échange des sociétés entre elles et avec la biosphère

Il y a l’existence d’un réseau d’information efficace (mise en place du centre de Tam-tam Mobile où se déroulent des réunions mensuelles avec des réseaux d’associations sur l’assainissement, mailing list, etc.). L’impact environnement est connu si bien que les déversements des ordures dans les cours d’eau diminuent, l’on songe plutôt au recyclage des déchets plastiques. L’amélioration du cadre de vie des populations conduit également à la diminution des maladies hydriques et de la peau et à une baisse des odeurs pestilentielles. Il n’ y a pas une évaluation systématique du capital social du projet. Cependant, il y a une nécessité de formation du personnel sur la manipulation des déchets, le management et la gestion des ressources humaines. Afin de valoriser l’activité d’ébouer, le pré-collecteur procède lui-même au recouvrement des contributions financières au sein des familles, il reverse des dividendes à Tam-tam Mobile. Les populations et Tam-tam Mobile élaborent ensemble les tarifs à appliquer. A travers cette façon de gérer, tout le monde est au courant des bénéfices récoltés.

9- Gérer la durée et savoir se dans le temps

Connue mais pas officiellement reconnue (donc informelle), l’activité de pré-collecte est peu rentable. Elle devrait être subventionné et les conditions de travail (couverture sociale, reconnaissance du statut de l’ébouer) reconnus. HYSACAM, à ce titre, reversé à titre symbolique au moins 2 % de bénéfices qu’il touche à Tam-tam Mobile sur les zones où il travaille, ceci permettrait à l’association de mieux se déployer. Des rencontres d’échanges (OSC, partenaires institutionnels, agences de développement, autorités locales, populations) ont lieu régulièrement sur la thématique de l’assainissement des quartiers à habitat spontané.

10- De la légalité à la légitimité de l’utilité, des valeurs et des méthodes

Oui, l’expérience répond à un besoin réel. Les quartiers à habitat spontané ne sont pas accessibles aux services de ramassage d’HYSACAM, l’évacuation des déchets ménagers entraîne un changement positif des comportements de populations. Selon les comptes-rendus des activités menées, les feed-back des médias ou des rencontres de partages d’expériences, l’on peut dire sans risque de se tromper que les valeurs du projet sont respectées. Toutefois, l’on note comme un laxisme ou une incompétente des responsables politiques sur la question de l’assainissement. Les politiques d’élaboration du budget des mairies ne prennent pas en compte le volet pré-collecte des ordures ménagères dans les quartiers à accès difficile. Tam-tam Mobile mène un plaidoyer pour que la pré-collecte des ordures ménagères figure dans les priorités des budgets d’investissements publics des mairies camerounaises.

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